La culpabilité

Lundi soir, 18h.

J'ai fini de travailler, journée normale. Rien de particulier à signaler.

Pourtant, je stresse et j'angoisse. Mon chum essaie de me parler et me divertir mais rien n'y fait.

Il me propose de me faire couler un bon bain et d'aller relaxer. Il me connaît si bien!

Il s'occupe de mettre des bougies partout, m'installe une petite table et me sert un verre de vin blanc. Il ajuste l'eau, met des bulles pour moi. Il installe le haut-parleur dans la salle de bain avec une douce musique de spa.

J'entre dans l'eau brûlante, admirant toutes les douces attentions et je me dis: Wow, le rêve, ca va faire tellement de bien!

Et subitement ça me rattrape. Une maman d'un garçon de bientôt 5 mois ne devrait pas vraiment avoir le temps pour ça. Ça me frappe en plein visage que si j'ai ce beau set-up pour moi, c'est parce que j'ai perdu mon fils et que je n'arrive plus à gérer mes émotions. Je me sens coupable de ma pensée.

Et les larmes coulent maintenant, devant ce beau décor, dans mon bain. La culpabilité d'avoir du plaisir, de profiter de la vie, s'immisce maintenant dans mon quotidien. C'est sournois, vicieux, et ça rajoute une couche de douleur inutile. Et pourtant, c'est si important prendre soin de soi, j'en suis bien consciente.

Ça fait mal. Ça fait si mal. N'essayez pas d'imaginer par contre! Ça ne servirait à rien. Gardez cette énergie pour me soutenir si ça vous dit plutôt que de vous faire mal inutilement.

Ce qui me perturbe le plus ces temps-ci, c'est que les gens que je rencontre et revois depuis mon accouchement ne me souhaitent pas leurs sympathies.

Si un de mes parents décédait, tout le monde que je rencontrerais me souhaiterait leurs sympathies la première fois qu'ils me reverraient. C'est évident.

Et là, mon fils est mort et personne ne me dit rien, on fait comme si rien n'était.

Ne trouvez-vous pas ça fou un peu? Alors que je vis certainement le deuil le plus difficile de ma vie, le soutien disparaît, fond comme la neige au soleil sur mon terrain (ben oui, encore de la neige chez nous, mais ça s’en vient!).

Je suis consciente que c'est tellement épouvantable la mort d'un enfant que c'est probablement la peur qui empêche de faire le pas, offrir les mots.

Mais je vous en prie, passez au-delà de votre peur et soyez présents pour les parents qui vivent ce genre de chose. Votre inaction cause bien plus de mal que la maladroitesse de ne pas l'adresser correctement.

Je réfléchis à des facons de sensibiliser au deuil périnatal puisque certainement que l'inaction de l'entourage rajoute une couche de tristesse et de colère à un deuil déjà impossible à vivre.. On verra bien ce qui ressortira de ça.

Je retourne à mes bulles et ma méditation mais ça m'a fait du bien de mettre des mots sur mes émotions. Ça apaise.

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