L’ancienne Moi

Je regarde parfois de vieilles photos de mon fil Instagram. Je regarde toutes ces photos de moi des dernières années, les yeux brillants et pétillants. Depuis que Michael est entré dans ma vie, je me trouve belle sur la plupart des photos qu’il prend de moi.

Aujourd’hui, je regarde ces photos que mon chum a prises de moi et je m’ennuie de cette fille. Je m’ennuie de cette fille heureuse et joyeuse, qui a l’impression d’être la plus chanceuse du monde. Je regarde toutes nos aventures ensemble, notre joie de vivre impénétrable, nos moments de folie, notre positivisme.

Comment peut-on en arriver à passer du plus beau au plus affreux en une année…?

Je viens de tomber sur cette vidéo magnifique que Michael avait préparé pour mon 32e anniversaire. Un montage de vidéos de moi, de nous, avec lui qui joue et chante «I got you, Honey» de Ocie Elliot, une chanson que j’adore.

Je vois tous les commentaires sous cette vidéo, plusieurs qui me souhaitent une belle année, qui trouve notre amour si beau et inspirant.

La vie était bonne pour nous. On avait tout ce dont on pouvait rêver. Ne manquait qu’un beau bébé pour débuter la famille que nous souhaitions si fort former ensemble dès notre rencontre. Et je suis tombée enceinte quelques semaines plus tard. Tout était parfait.

Je sens que ce beau couple sur cette vidéo est encore nous, mais vraiment écorché.

J’ai passé des semaines et des mois à me sentir si seule, même si mon chum s’occupait de moi si bien et s’assurait de tout mettre au mieux pour moi. Je me sentais pourtant si loin de lui. Et ça me faisait infiniment peur. Et je le lui ai dit. Et on en parlé. Et j’ai pleuré. Et je sentais que le fossé qui s’était creusé disparaissait doucement. Peu importe, il est resté à mes côtés comme un roc.

J’ai fini par réaliser que ça me faisait vraiment mal de me trouver près de lui. Ça ravivait ma douleur d’Alexandre. L’amour entre nous deux, qui a donné naissance à Alexandre, me déchirait l’intérieur.

Et le temps, la patience, la douceur, a fini par nous rapprocher, le fossé s’est effacé.

Malgré tout, je ne nous trouve plus comme avant et je ne me retrouve plus depuis le décès d’Alexandre. Oui on arrive à passer des beaux moments ensemble, mais je n’ai plus le même sourire, la même naïveté face à la vie. Tout est plus dur, plus lourd, avec une tendance à la tristesse et la nostalgie. Je n’ai assurément plus ce regard de confiance et ce sentiment que je suis la plus chanceuse du monde.

Je m’ennuie de cette Catherine qui avait le bonheur facile. Parce que je dois le travailler fort mon bonheur maintenant. Je dois choisir constamment cette voie pour survivre. Et c’est parfois vraiment lourd à porter.

Je ne suis définitivement plus la même personne et je crois que c’est aussi un deuil dans lequel je suis encore.

Le deuil de l’ancienne Moi.